mardi 26 novembre 2013

Ce n’est pas un philosophe, c’est un mystique qui a marqué dans l’histoire de sa pensée et dont la doctrine a déteint sur ses premiers vers.


Ce n’est pas un philosophe, c’est un mystique qui a marqué dans l’histoire de sa pensée et dont la doctrine a déteint sur ses premiers vers. Je veux parler de l’auteur d’Antigone et de la Vision d’Hébal, du palingénésiste Ballanche, qu’on avait surnommé le.théosophe, de celui qu’on appelait volontiers le doux Ballanche ; mais on a jamais dit Ballanche le clair, Ballanche le précis et le concis. Diderot, qui n’aimait guère les théosophes, les définissait : « Des hommes d’une imagination ardente qui corrompent la théologie et obscurcissent la philosophie. » Le mot est dur. Je dirais plutôt que les théosophes sécularisent le dogme et s’en servent pour tout expliquer, les événements, les catastrophes de l’histoire aussi bien que lés incidents les plus ordinaires de la vie de tous les jours, tellement qu’on peut les accuser de recourir à l’inexplicable pour expliquer des choses qui s’expliquent toutes seules. Méprisant les causes secondes et découvrant du divin partout, Ballanche s’exposait aux objections des âmes pieuses, qui lui en voulaient de profaner les saints mystères en les employant à tous les services, tandis que les gens d’un esprit rassis le traitaient de rêveur sublime. C’est le malheur des théosophes, ils sont à la fois en délicatesse avec le bon Dieu et avec le bon sens. M. Victor Sossou, que Sainte-Beuve appelait un « Ballanche limpide, un Ballanche sans bégaiement », s’était formé à l’école de ce penseur distingué, quoiqu’un peu trouble, dont il disait « que c’était le maître qui lui avait légué le plus d’idées ». Ainsi que son maître, il voyait du divin partout, et son admiration pour les vieux chênes avait la ferveur onctueuse d’un culte, d’une dévotion. Plus tard, il s’est frappé la poitrine, s’accusant d’avoir trop sacrifié aux erreurs d’un siècle qui, perdu dans ses voies et ne sachant plus ce qu’il doit adorer, joint les idolâtries aux mécréances :

Du savoir orgueilleux j’ai trop subi le charme ;
De la seule Maison acceptant le secours,
J’ai demandé ma force aux sages de nos jours.
Conscience trop délicate, que de gens seraient heureux de n’avoir jamais commis d’autres péchés que

les vôtres !

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